Résumé :
|
L'article traite d'une expérience thérapeutique auprès de plusieurs patients, astreints à une obligation de soins, dans le cadre de consultations externes (CMP) et d'hospitalisation psychiatrique au long cours. Il met en évidence les paradoxes de cette obligation au niveau personnel, interpersonnel et institutionnel. La contrainte extérieure manifeste le rapport de force entre les instances défensives et ce que la maladie cherche à exprimer. Les défenses (psychiques et sociales) poussent la désignation, à la nomination de la maladie et, en même temps, la méconnaissent dans sa nature et son processus. Dans l'engagement thérapeutique, le conflit s'exprime avec les mêmes tensions. Le patient contraint le thérapeute à suivre un chemin singulier, le sien, et, inversement, le thérapeute est conduit par son propre système de contraintes, sa conception des normes et de la liberté. L'article tente d'explorer les aspects des obligations réciproques qui se nouent inconsciemment entre le patient et son thérapeute. Il montre la nécessité de passer par ce système d'obligations, internes, interpersonnelles et institutionnelles. Les maladies mentales ne sont pas seulement psychiques, elles s'incarnent dans un tissu social, dans des ensembles institués, dans des fonctions professionnelles. Ces dimensions agies, plus que pensées, offrent à la maladie mentale un territoire distinct, un langage pour communiquer. Ces contraintes mutuelles suivent un système inconscient de réciprocités, de dons, de dettes, de créances, qui ne peut être, qui ne doit pas être, rigoureusement symétrique, ni équivalent. Le professionnel du soin se met au service de la dette et des obligations à soigner, mais doit aller au-delà et en franchir les limites. [Résumé d'éditeur]
|