Titre : | Adaptation et étude de faisabilité d'un programme de prévention des violences dans les relations amoureuses auprès des adolescent(e)s en Suisse Romande |
Auteurs : | Jacqueline (de) PUY, Auteur ; Sylvie MONNIER, Auteur ; Sherry HAMBY, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Genève [SUISSE] : Centre de recherche sociale de l'Institut d'études sociales, 2002 |
Format : | 165 p. |
Langues: | Français |
Catégories : | |
Tags : | Adolescence ; Couple ; Étude ; Éducation ; Outil ; Représentation ; Prévention de la violence sexuelle |
Résumé : |
D'une part, l'objet de recherche est appréhendé dans une perspective de genre. De ce fait, la socialisation ainsi que les inégalités sociales entre femmes et hommes sont envisagées comme des situations qui augmentent les risques de victimisation des femmes dans les fréquentations amoureuses, comme dans les relations de couple stables. En effet, les recherches montrent que les femmes sont les principales victimes des violences au sein du couple. D'autre part, la recherche se situe dans un modèle théorique de prévention des violences de type social-cognitif, dans la lignée des travaux de Bandura. Les programmes de prévention inspirés de cette approche visent à modifier les représentations et renforcer les compétences sociales des individus. Dans cette optique, l'enjeu du présent projet est la prévention primaire des situations d'agressions et de victimisation dès les premières relations amoureuses entre garçons et filles, en favorisant des changements de normes (par exemple, remettre en question les stéréotypes de genre, les préjugés favorisant les violences) et l'acquisition de compétences prosociales (par exemple, la capacité à gérer les conflits sans violence, à communiquer et partager le pouvoir).
La question générale qui a orienté notre recherche était la suivante: Dans quelle mesure un concept et une méthodologie de prévention qui a fait ses preuves en Amérique du Nord sont transférables au contexte socioculturel de la Suisse francophone? Afin d'appréhender cette question de recherche, cinq objectifs plus détaillés correspondant aux différents volets du projet ont été formulés: 1. Élaborer un programme de prévention en français adapté à partir d'un modèle existant. 2. Évaluer la faisabilité du programme du point de vue des destinataires. Recueillir les réactions de groupes d'adolescent-e-s, au moyen de discussions structurées par un guide d'entretien, selon le principe des " focus groups ". Dans ce but, des filles et garçons, d'origine suisse et étrangère, ont été amenés à se prononcer en tant qu' "expert-e-s " pour leur groupe d'âge, face au concept en général, et face au contenu et à la forme des divers modules proposés. 3. Évaluer la faisabilité du programme du point de vue des professionnel-e-s. A l'aide de discussions structurées, nous avons invité des intervenant-e-s à se positionner face au programme (forme, contenu, conditions pratiques de mise en uvre et d'évaluation), en tant qu'acteurs/trices de prévention auprès des jeunes, que ce soit de manière directe (animation, enseignement, etc.) ou indirecte (institutions-relais). 4. En se fondant sur l'analyse de contenu des discussions de groupes (destinataires et intervenants), il s'est agi de réajuster le concept initial dans le but de mieux le faire correspondre au contexte socioculturel suisse. En outre des implications générales des résultats pour la recherche et la prévention ont été dégagées. 5. Dans ce processus, un réseau de personnes et d'institutions disposées à collaborer à la mise en uvre et à l'évaluation du programme a commencé à se mettre en place. Résultats Un programme de prévention des violences dans les relations amoureuses des adolescent-e-s qui a fait ses preuves aux États-Unis (Safe Dates) a été traduit et adapté au contexte socioculturel suisse. A Genève et à Fribourg, l'instrument a été testé et discuté avec des groupes de jeunes dans trois centres de loisirs, puis soumis à des professionnel-le-s concerné-e-s par la prévention. Au total, 23 focus groups ont été organisés, dont 19 avec des jeunes et 4 avec des professionnel-le-s. Les comportements abusifs dès les premières fréquentations amoureuses représentent un problème sérieux et d'actualité en Suisse romande, comme en ont témoigné les jeunes et les professionnel-le-s consulté-e-s. Les relations amoureuses ressortent comme l'une des préoccupations principales des jeunes. Nous avons constaté que les comportements abusifs, en particulier d'ordre psychologique, étaient largement sous-estimés chez les adolescent-e-s dans nos groupes de discussion et que les stéréotypes sur les rôles des hommes et des femmes y étaient marqués. Par ailleurs, des compétences positives leur étaient peu familières, notamment les outils de communication, de gestion des conflits et de la colère. La qualité pédagogique du programme a été relevée par les professionnel-le-s. Le caractère interactif a été particulièrement apprécié par les jeunes. Concernant la faisabilité de ce programme en Suisse romande, une grande partie des professionnel-le-s est favorable à son introduction "en bloc", dans les écoles et/ou dans le secteur extrascolaire, alors que d'autres envisagent pouvoir en utiliser certains éléments. Un minorité préconise une approche de prévention globale plutôt que spécifique. Notre expérience a montré que ce programme pouvait s'adapter à la Suisse romande ainsi qu'à un cadre extrascolaire et non-obligatoire. En outre, il a bien fonctionné dans groupes de jeunes d'origines nationales et culturelles très diverses (Suisse, Europe, Balkans, Afrique, Asie et Amérique latine), dont une partie avaient des difficultés scolaires et/ou linguistiques. Les suggestions et remarques des jeunes et professionnel-le-s ont été largement intégrées dans la version revisée du programme, qui s'intitule maintenant "Sortir ensemble et se respecter". Méthode La méthode des focus groups (voir Krueger, 1998) s'est révélée tout à fait adéquate pour appréhender notre objet de recherche. Nous avions en effet envisagé que les focus groups seraient particulièrement adaptés dans le cadre d'une étude de faisabilité, dans le but de recueillir les opinions et idées émanant des milieux intéressés afin de mieux insérer un projet dans l'environnement social envisagé. La réalisation était cependant tributaire de la participation et de la collaboration des personnes concernées. Celle-ci a effectivement très bien fonctionné et a même été au delà de nos prévisions. En l'occurrence, les séances avec les jeunes ont dépassé le cadre de la méthode des focus groups, qui consiste à discuter sur un certain nombre de thèmes, et ont acquis un aspect d'intervention, avec un contenu interactif et pédagogique. Ce changement s'est opéré d'une part, à cause de la présence suivie des jeunes, d'autre part, parce qu'il leur était relativement difficile de prendre de la distance et de se contenter de commenter le contenu du programme, alors qu'ils et elles s'exprimaient plus volontiers en l'ayant "goûté" et expérimenté. En outre, l'observation in vivo de l'accueil réservé par les jeunes au programme, tant sur le plan verbal que non-verbal, nous a fourni des indications précieuses (par exemple, l'aisance ou au contraire la réticence à entrer dans les activités proposées). Sur le plan de l'animation, l'un des principes de base des focus groups, qui est d'encourager chacun-e à exprimer son point de vue et à respecter ceux des autres, a sans doute contribué à créer un climat de confiance et a favorisé des échanges et réflexions d'une grande richesse. Le petit nombre des participant-e-s préconisé dans les focus groups (nous avions en moyenne, six personnes) était également un facteur positif. Pour ce qui concerne les focus groups avec les professionnel-le-s, les discussions de groupe ont constitué un atout par rapport à d'autres méthodes (p.ex. questionnaire écrit, entretiens individuels), non seulement du point de vue des ressources mobilisées, mais également en termes d'échanges et de sensibilisation au problème. En effet, une séance sur ce thème rassemblant des spécialistes travaillant dans une diversité d'institutions et services constituait une innovation. Outre l'objectif principal, qui était de recueillir leurs avis et leurs expériences sur le sujet, nous pensons leur avoir fourni l'occasion d'apprendre plus sur les pratiques de prévention les un-e-s des autres, sur la nature et l'ampleur du problème, et nous espérons avoir contribué à les sensibiliser à la nécessité de continuer ou entreprendre des actions. La situation de groupe a également permis d'observer des convergences ou des divergences sur certains points, et des processus d'influences. Démarche méthodologique: Analyse de contenu ouverte, Observation participante, Discussions de groupe Au total, 23 focus groups ont été organisés, dont 19 avec des jeunes et 4 avec des professionnel-le-s. Les données ont été relevées par l'équipe de recherche. Il est envisagé de diffuser le programme de prévention traduit et adapté dans le cadre de séances de formation pour les intervenant-e-s. Démarche méthodologique: Analyse de contenu ouverte, Observation participante, Discussions de groupe Au total, 23 focus groups ont été organisés, dont 19 avec des jeunes et 4 avec des professionnel-le-s. Les données ont été relevées par l'équipe de recherche. Il est envisagé de diffuser le programme de prévention traduit et adapté dans le cadre de séances de formation pour les intervenant-e-s. |
Type de document CRIAVS : | Rapport |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité | Genre | Origine |
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RA000000874 | R PUY | Rapport | CRIAVS ARA - Délégation de Grenoble | Centre de documentation | Disponible |